Montréal
Objectif : 1000 taxis électriques pour le 375
anniversaireCollaboration spéciale
Pas moins de 1000 taxis électriques sillonneront les rues de Montréal, à temps pour son 375
anniversaire, affirme l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, bien connu pour son rôle de « dragon » dans la populaire émission de télé à Radio-Canada.« À la mi-2017, on devrait avoir un millier de véhicules électriques au sein de la nouvelle flotte », estime l’associé principal du fonds de capital-croissance XPND Capital.
Si cette cible est atteinte, c’est environ le quart de tous les taxis de Montréal – 4500 véhicules – qui rouleront avec une énergie verte, avec des économies de 80 à 85 % sur les coûts du carburant. « À ce niveau, le projet sera viable », précise l’initiateur du projet.
Les premiers taxis 100 % électriques commenceront d’ailleurs à circuler dans les rues de Montréal à compter de la mi-novembre.
Les usagers du taxi vont monter à bord de véhicules de fabrication américaine, japonaise et chinoise, a appris
. Une cinquantaine de taxis « verts », qui auront une couleur unique pour être facilement repérables, vont alors prendre la route.Au moins trois constructeurs – Nissan, Tesla et de BYD, une firme chinoise – ont confirmé leur participation au projet-pilote qui permettra de tester l’efficacité des véhicules. D’autres constructeurs pourraient s’ajouter à la liste.
« On veut tester ces véhicules sur leurs aspects techniques et économiques », explique M. Taillefer.
Le parc de taxis électriques inclura une dizaine de limousines Tesla. Le projet-pilote s’étendra sur une période de 18 mois, au cours de laquelle le nombre de véhicules passera à une centaine.
« On aimerait avoir, éventuellement, plusieurs milliers de voitures roulant avec de l’énergie propre à Montréal. »
– Alexandre Taillefer, associé principal du fonds de capital-croissance XPND Capital
Il concède toutefois que, dans cette industrie, ce ne sont pas tous les chauffeurs qui sont prêts à remiser leurs cylindrées pour se convertir à l’électricité. « Nous ne sommes pas un monopole, après tout, et c’est libre à chacun d’embarquer avec nous. »
Le projet est piloté par Taxelco (TaxiElectricCompany), qui prévoit investir 200 millions, entre autres pour l’entretien des véhicules taxis.
Le taxi vert montréalais ne sera toutefois pas construit au Québec. « Ce n’est pas dans nos plans », souligne M. Taillefer.
L’homme d’affaires ne cache pas que le projet de taxi électrique, pour lequel il se consacre quasiment à plein temps depuis plus d’une année, fait une « belle unanimité » auprès des principaux acteurs économiques montréalais.
Lui-même un grand utilisateur de taxis, Alexandre Taillefer se dit à même de constater que les chauffeurs montréalais sont ouverts à l’idée de « rouler électrique ».
Il a aussi des appuis sur la scène politique et économique. La semaine dernière, Québec a adopté le projet de loi 36, déposé par le ministre des Transports, Robert Poeti, qui donne le feu vert au projet-pilote.
Il rappelle que le maire de Montréal, Denis Coderre, est « emballé », tandis qu’Hydro-Québec « collabore étroitement » au projet. « Il nous faudra installer de très nombreuses bornes à haute vitesse, calcule-t-il. Il y aura une borne de recharge pour huit taxis. Il sera important de recharger les taxis en moins d’une heure, c’est une question d’efficacité et de rentabilité. »
D’ici à la mi-juin, l’associé principal chez XPND Capital – qui s’implique financièrement dans le projet – compte rendre publics les détails d’une première entente qui liera la compagnie de taxi Taxelco à un « partenaire » qui a une forte présence dans l’industrie du taxi à Montréal.
« Nous allons mutualiser les forces du taxi et travailler avec l’industrie. »
– Alexandre Taillefer, associé principal du fonds de capital-croissance XPND Capital
« Ce partenaire, qui possède un parc de taxis de plusieurs centaines de voitures, jouera un rôle important », souligne Alexandre Taillefer, qui rentre d’un voyage d’affaires en Asie. Il s’est rendu à Shenzhen, en Chine, où il a rencontré les dirigeants du plus important opérateur de taxis, la firme HNZ. Il a également fait un arrêt à Séoul, en Corée du Sud.
Chose certaine, l’homme d’affaires montréalais est désormais convaincu que le projet de taxi 100 % électrique roulera à bonne vitesse, selon les échéanciers qu’il s’était fixés au départ.
« Nous sommes en ligne avec nos prévisions, assure-t-il. Tous les éléments du dossier se mettent en place. »
Il rappelle que ce projet va se réaliser « avec de l’argent provenant du privé », sans subventions, mis à part les rabais de 8000 $ pour l’achat d’un véhicule électrique, dans le cadre d’un programme gouvernemental.
Il y a quelques mois, il disait souhaiter que Montréal puisse devenir une vitrine à l’international, avec son taxi « vert, écologique et social » qui contribuera à améliorer les conditions de travail et de vie des chauffeurs, qui seront au volant de véhicules « plus agréables à conduire, plus confortables pour eux et pour leurs clients ». Les taxis seront équipés, notamment, de GPS et de systèmes de télémétrie.
Par ailleurs, l’arrivée des taxis électriques donnera-t-elle du carburant aux chauffeurs montréalais qui perdent des clients au profit d’Uber ? À cette question, Alexandre Taillefer répond que son objectif, « c’est d’opérer à l’intérieur du cadre réglementaire ».
« On va fournir une plateforme aussi performante que d’autres peuvent offrir, soumet-il. On va le faire à l’intérieur des règlements et des licences. Je le répète : il faut améliorer les conditions économiques des travailleurs dans cette industrie-là, sinon on ne réglera jamais le problème. »
Il précise qu’une application pour les usagers de Taxelco est « en développement assez avancé » et permettra de « compétitionner en tous points ce que d’autres peuvent offrir ».
« Les tarifs pourront être modulés en fonction de l’achalandage, explique-t-il. Ce qui pourra diminuer le coût d’un déplacement quand il y aura moins d’achalandage. On veut créer plus d’activité dans le taxi et on va y arriver. »